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SERGEI CHEPIK

Exposition Espace Cardin
La Guerre et la Paix



A l'occasion de la deuxième édition du festival "Paris-Art-Moscou" qui présentera une sélection de nouveaux films russes, Sergei Chepik est invité à l'Espace Pierre Cardin pour une exposition personnelle de ses oeuvres intitulée "La Guerre et la Paix".
La Russie Crucifiée, l'Apocalypse, Tauromachie et d'autres toiles, ainsi que des oeuvres graphiques et des céramiques, seront présentées du jeudi 4 novembre au mardi 9 novembre 2004, de 13h à 19h.
Espace Pierre Cardin, 1-3 avenue Gabriel, 75008 Paris, tel: 01.44.56.06.81



La guerre, c’est d’abord un passé historique que Chepik, né en 1953 (l’année même de la mort de Staline) n’a pu vivre mais qu’il a appris à connaître à travers ses lectures et les témoignages de sa famille : son grand-père, le docteur Sabaneev, ami de l’écrivain Mikhail Bulgakov, a vécu les terribles années de la guerre civile en Ukraine et soigné, tour à tour, fidèle à son serment d’Hippocrate et avec une égale compassion, Rouges et Blancs ; sa mère, le sculpteur Ludmila Sabaneeva a vu, enfant, le génocide de la paysannerie, organisé par Staline et les Communistes, puis jeune fille, l’invasion allemande et toute l’horreur de la deuxième guerre mondiale. Le triptyque (Apocalypse, Crucifixion et Pieta, 1985-1988) utilise l’imagerie chrétienne pour conter le lent et effroyable martyre de la Russie au XXème siècle, broyée par la Révolution bolchevique, le conflit entre les deux totalitarismes brun et rouge, et l’impitoyable machine à exterminer du Goulag .

La guerre, c’est aussi une poignante réalité que Chepik a vécue en Russie jusqu’en 1988, date de son départ définitif pour Paris : enfant, il a vu, comme l’écrivain Andreï Makhine, les « gueules cassées » et les infirmes de guerre mendier au coin des rues, devenus d’inutiles bouches à nourrir pour une société soviétique occupée à construire le socialisme et « l’avenir radieux »; adulte, il a croisé la détresse des soldats d’Afghanistan, laissés-pour-compte d’une sale guerre dont ils ne percevaient pas les enjeux et dont ils ont été moins les héros que les victimes. Les Vétérans (1987) rendent, en s’inspirant de l’esthétique des icônes, un hommage plein de compassion au sacrifice ingrat de ceux que la guerre a broyés dans leur corps et leur âme et que la patrie a vite oubliés.

La guerre, c’est encore l’interminable conflit de Tchétchénie (La neige rouge, 1996); ce sont, aujourd’hui encore, ces flots de réfugiés russes ou orthodoxes fuyant les persécutions islamistes du Caucase ou d’Asie que la Russie ne peut ou ne veut accueillir et dont certains finissent par échouer sur les trottoirs de Paris. La Russie Crucifiée (1999) témoigne du chaos qui a suivi l’effondrement de l’URSS et s’ interroge sur l’avenir de la Russie, lancée telle une troïka folle vers une renaissance ou... une nouvelle apocalypse ?

La guerre, c’est enfin une rêverie autour de l’épopée fondatrice de la culture européenne (La Guerre de Troie, 1997)

La guerre mais aussi la paix ! L’œuvre de Chepik ne se restreint pas à ces toiles dures et douloureuses, puissantes et viriles, aux couleurs sombres et aux éclairages angoissants, qui embrassent les tragédies de la Russie et du XXème siècle. Qui connaît Chepik, connaît son goût de la vie, de l’amitié, de la fantaisie, son émerveillement devant les beautés de la nature et de l’art. Il aime rendre hommage aux mystérieuses chimères de Notre-Dame et à la poésie des quais de Paris , sa ville d’élection depuis 1988 (Le Pont Neuf, Les chimères de Notre-Dame, La Gloire de Paris, 1997 ) ; il a aimé suivre depuis les coulisses l’entraînement des danseurs du Moulin Rouge dont beaucoup sont de ses compatriotes (Solo, Les Doris Girls, 2001) ; il ne manque jamais la virevoltante feria d’Arles où il retrouve chaque année, après les corridas qui lui ont inspiré nombre de toiles éclatantes, ses amis gardians et gitans (Padilla aux Arènes d’Arles , El Juli, La messe des gitans, 2002-2003) pour rire, boire et commenter les exploits des toreros. De ses nombreux voyages en France et en Europe, il rapporte toujours quantité d’aquarelles aux teintes légères (Antibes, 2003, Collioure, 2004). Le carnaval de Venise a été récemment le thème d’une exposition à Londres, et quelques vues de la Sérénissime sont ici présentées (Santa Maria Dalla Salute, Squero di san Trovaso, 2000) L’art est bien sûr source d’inspiration pour cet artiste respectueux des grands maîtres du passé et Chepik a plus d’une fois payé son tribut à l’art éternel du nu (Flora, 2000). Fin portraitiste, enfin, Chepik aime faire poser sa femme Marie-Aude (La Dame en noir, 1988) et ses amis : le portrait de Pavel Lepechev, cinéaste russe récemment disparu, est pour la première fois exposé lors de ce festival.

La guerre et la paix dans l’histoire des nations et des peuples, mais encore la guerre et la paix au sein même des sociétés, la guerre et la paix dans le cœur même et dans l’âme de l’homme . La vie de chaque homme est un âpre combat, avec ses victoires et ses défaites, ses joies et ses peines, ses souffrances et ses trêves : combat contre les autres, contre le monde, contre soi-même. Chepik peint, à travers des toiles qui sont autant de métaphores, la dure réalité de la condition humaine et de nos sociétés déboussolées où triomphent l’égoïsme et le matérialisme, où règnent la solitude et l’angoisse : Homo sum (1997), Morituri te salutant (1997), Les villes étrangères (2003). Et Chepik, artiste chrétien, sait, à la suite de Dostoïevski, que le cœur de l’homme est le champ de bataille où Dieu et Satan, le Bien et le Mal se livrent une guerre sans merci, et que la paix éternelle est promise à ceux qui auront porté leur croix à l’exemple du Christ et mené jusqu’au bout le bon combat : la Passion (2004) , l’Apocalypse de saint Jean (2002).

Marie-Aude Albert, Octobre 2004